Bon nez 2021
Ça se rapprochait depuis un moment, on le sentait venir. L'air du temps, le vent de folie tout ça. Eh bien on y est, et on a comme l'impression que 2020 nous est passée sous le nez. Une voix nasillarde dans le mégaphone du drone : "restez chez vous", c'est comme ça que ça a commencé. La nez la plus courte. La nez de tous les dangers. La nez fichue, la nez crochue, la nez qui pue.
Comme à des animaux domestiques à qui on a mis l'année dans son caca, des enfants sans bras et sans chocolat, on aura du mal à y croire tant qu'on aura pas changé d'état. Car qu'est-ce que c'est au fond, la vraie vie ? À manger sur la table, un toit au-dessus, des amis autour, même pas on dirait. Non-essentiels non plus, nos nez sensuels, d'amateurs d'arrrrt et autres ronflements métaphysiques inutiles.
Préservez-vous, gardez-vous pour plus tard, congelez-vous les enfants. Nez-nez-nez. Nous chauffons nous bouillons d'impatience et d'exaspération, plus ou moins impuissant.es. Souvent seul.es. Nous fondons devant nos écrans, lentement, mordant la poussière des terres rares.
Non, pointez votre nez, menez à vous, venez à nous, préparez-nous quelque chose d'incroyable, car notre appétit de choses non-essentielles est devenu insatiable.
On voit et on se dit.