Réflexions sur d'éventuelles vacances en Camargue

Par Félix Fujikkkoon, le mercredi 20 août 2014

L'important c'est d'être heureux mais ça ne veut pas dire qu'il faille choisir de se débattre ou de ne rien faire non plus pour obtenir les bonbons soit disant susceptibles de nous rendre plus heureux qu'avant, du genre : ah si j'avais un million je serais gagnant, même un million de centimes ça serait moins chiant, rrroooh si j'avais une limousine ce serait mieux, rrraaah si j'avais des amis je serais moins seul à la piscine, bahhh si j'avais un mari fortuné j'aurais un jardinier, ohohoh si j'avais une blonde canon je serais champion.

Bien entendu toutes ces choses ne sont pas mauvaises en soi. Les jolies femmes, l'armée d'amis fortunés, le frigo coquet, les seins refaits, les chaussures sans lacet et la tirelire gonflée ; bien au contraire, toutes ces choses, même si elles n'ont rien d'absolument nécessaire, n'obstruent au fond en rien la route du bonheur et peuvent même l'enluminer. C'est peut-être dur à entendre mais l'essentiel n'est pas là. .

Non, c'est plutôt le rapport que nous entretenons avec ce que nous désirons qui finit par nous couper fatalement du bonheur. Nos désirs jettent des conditions sur notre bonheur, et par conséquent si ces conditions ne sont pas remplies, nous nous excluons sans même nous en rendre compte de l'être-content.

C'est que le bonheur ça n'a pas de date de péremption. Être heureux pour de vrai c'est gratis et non négociable. C'est soumis à zéro condition. Ça n'est même pas décelable. C'est secret. Un goût subtil enchâssé dans le for intérieur.

Le bonheur se moque de la relativité générale et particulière. Car être heureux, c'est être heureux. Quelles que soient les données extérieures, quelle que soit la situation, quelque soit la taille des nichons, quelle que soit l'étagère, quoi qu'il arrive, jeune ou vieux, quoi qu'il en coûte. Non, le bonheur authentique ne peut-être artificiel. Il n'est même pas créé. Il n'existe même pas à proprement parler.

Ce bonheur incréé, c'est l'ivresse impérative de ce qui fait venir à l'être. C'est la super gonflette qui fait bander toute la réalité.

Étant inconditionnel il transcende tous les états, se jouant des marais et de leurs habitants, il échappe au temps, il zig-zag entre les gouttes, il annule les contraintes de l'espace, il s'éjecte des tortures de l'époque, il danse en deça de ce qui détermine les créatures.

Il a les pieds dans la boue le bonheur, comme tout le monde, il se fait défoncer par les moustiques le bonheur, comme tout le monde, mais au fond, il est super content.

C'est pour cela que la sagesse dit qu'il faut mourir avant de mourir. Et que seuls les morts supportent les moustiques. Pourquoi ? Parce que les morts sont patients pardi. Et que l'éternelle patience du mort le rend complêtement raide. Raide à jamais. Ivre mort raide bourré mais malgré tout, sobre. Immuablement saoul. Et qu'il n'y a rien comme l'ivresse pour supporter les moustiques.

Il ne dessaoule pas le mort et comme un caillou il ne fait chier personne. Il ne fait même plus chier les moustiques. Et il a pas mal à la tête le lendemain. Ni le surlendemain. Il ne se gratte même plus le mort. Réussite totale. Plénitude intégrale. Bonheur intégré.

Si vous étiez patients comme le mort vous verriez comment que vous seriez beurré. Le mort ne manque de rien. Jamais. Son cadavre c'est son ego qui a fondu comme neige au fourneau. Le mort ne peut pas vouloir autre chose que ce que les moustiques veulent. L'inverse aussi est donc forcément vrai. Il accepte les moustiques et les moustiques le lui rendent bien.

Maken mouchkil. Les morts vont mieux.

SIDI MAHDI à 14h