A PROPOS DE NUMBERS NOT NAMES

C'est à l'initiative de Stéphane Grégoire qu'est né Numbers Not Names, rencontre de 4 musiciens issus d'horizons différents mais pas si lointains. Et si on connait le goût du gérant du label Ici d'ailleurs pour les croisements d'artistes improbables - l'exemple le plus marquant étant This Immortal Coil (qui réunissait, rappelons-le, Yaël Naïm, Chapelier Fou, Matt Elliott, Yann Tiersen, Oktopus ou encore Bonnie ''Prince'' Billy) - ici, il n'est pas question de reprise ou d'hommage, mais bien d'une création originale. Numbers Not Names est un projet né d'une envie. L'envie de croiser des chemins, des esthétiques, des gens pour essayer d'ouvrir une brèche, de créer l'effervescence, le moment de grâce, tout en laissant bien évidemment la part belle à l'inconnu de la rencontre et à ce qui en découle...

Abrasif, enfiévré, déglingué et libre de toutes contraintes formelles, le flow de Crescent Moon (MC de Kill The Vultures) installe d'emblée un ton et une liberté de style saisissants. Posé sur les productions d'Oktopus, producteur de Dälek, qui mélange habilement boucles hypnotiques et beats groovy, expérimentations bruitistes, textures saturées et plages ambient, et accompagné de deux batteurs, Jean-Michel Pirès (NLF3, The Married Monk) dont la puissance de frappe et la rythmique imparable font échos au jeu tout en filigrane de Chris Cole, échappé de son projet solo Manyfingers. Le résultat est un album de hip hop sombre et percussif, décliné en 8 titres qui trouvent leur équilibre entre groove et lourdeur.

A la fois sombre et entraînant, What's the price ? est un album à la croisée des genres. On pense biensûr à Dälek puisque la patte caractéristique d'Oktopus est omniprésente sur le disque. Crescent Moon amène une autre dimension avec des textes sombres et engagés, à fleur de peau, et des voix doublées tantôt déclamées, haletantes ou murmurées, faisant preuve d'une technique à toute épreuve et d'un véritable charisme. Et puis il ya les batteries qui marquent vraiment le beat tout au long de l'album, impossible de ne pas opiner de la tête, la justesse du propos et la maîtrise des musiciens permettent une immersion totale, éprouvante mais clairement libératrice. Une expérience riche que l'on attend impatiemment de découvrir sur scène.

A PROPOS DE SOLE

Co-fondateur du fabuleux label hip-hop avant-gardiste Anticon en 1998, Sole – Tim Holland a.k.a Manbestfriends – est l’un des fers de lance du hip hop underground actuel et de son renouveau. Il représente une frange passionnante du hip-hop, composée d’artistes à la démarche novatrice, comme Dälek ou El-P, qui a largement participé à en décloisonner les routines uniformisantes et à faire ressortir la charge poétique et innovante d’un courant qui s’enlise facilement dans ses propres clichés. Avec sa prolixité intarissable, ses textes ciselés, son flow habité, son hip-hop cinématique aux influences larges – sonorités ambient éléctro tendant vers l'industriel et avec un zest de pulsations rock –, Sole est un projet à mille lieux des poncifs du hip-hop "bling-bling".

Véritable bête de scène, il vient nous présenter son nouvel opus « A Ruthless Cristicism Of Everithing Excisting », à paraître début novembre 2012, sur Black Canyon, son propre label [distro : Revolver USA / Cargo / Pias / + regionaux]. Cette fois-ci, au risque de nous donner de sacrés frissons, notre poète exalté viendra distiller son hip-hop mutant, exceptionnellement seul en scène, comme on ne l’a pas vu depuis des années – ses dernières apparitions ayant le plus souvent eu lieu aux côtés du trio Skyrider (soit Bud Berning, John Wagner et William Ryan Fritch) –. Depuis plus d’une décennie et demie, Sole a donné plus d'un millier de concerts aux Etats-Unis, en Europe, au Moyen-Orient et au Japon ; et sa musique a trouvé écho auprès de nombreux médias majeurs tels que Rolling Stone, Pitchfork, MTV, The Huffington Post, Spin, Alternet, entre de nombreux autres.

Au fil de huit albums studio et de plus d'une douzaine de mixtapes, le MC américain a forgé son identité et affiné sa musique, racée et personnelle, intransigeante mais jamais sectaire. Son nouvel LP décrypte et célèbre les mouvements de résistance et surtout d’occupation, qui ont germé à travers le monde entier ces dernières années. Mais l’activisme de notre homme dépasse largement le studio ou la scène : il s’est notamment profondément impliqué dans l’organisation et les relations aux médias, pour les actions d’Occupy Denver, ou encore la mise en place de projets de jardinage collectifs auprès de communautés urbaines à faible revenu, par exemple. Depuis plus de quinze ans, et aujourd’hui plus que jamais, sa voix est largement respectée au sein des mouvements environnementaux et anticapitalistes.

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