F1

Le football ne se joue qu'avec les pieds, la course à pied est un moyen bien lent pour aller d'un point à un autre, lancer le poids est devenu obsolète depuis les exploits de la Grosse Bertha et bien sûr, le vélo n'est pas le moyen le plus facile pour visiter la France, la preuve, les cameramen suivent en moto.
Tous le sports sont donc contre productifs.
C'est la grandeur des sportifs. Il faut, en effet, être profondément persuadé de ne servir à rien sur cette terre pour s'adonner au sport de façon professionnelle.
Mais la vroum vroum manie déroge à la règle. La F1 a été conçue pour faire profiter au monde d'avancées technologiques. La compétition n'y est qu'une manière de guerre pour exacerber l'inventivité des ingénieurs. Ainsi le vulgum pecum peut retrouver sur sa bagnole les nouveautés les plus révolutionnaires sans avoir dû, au préalable, se faire casser la gueule sur les plages de O'Maha.
Le bolide de F1 apporte donc à l'humanité cette double libération de la modernité : la vitesse de propulsion et l'obsolescence de la guerre.
On peut donc considérer que Juan Manuel Fangio est le plus grand révolutionnaire que l'humanité ait connu, bien devant Battista et Che Guevara.
Chumacher et Vettel, ces archanges de la germanitude, poursuivent son œuvre, abolissant définitivement cet improbable chiffrage du truffion dans son unité, et du même coup l'impossibilité qu'on soit des numéros, mais des hommes libres.
Grâce à eux, les numéros ont disparu des tablettes ; mais pas les chiffres. La modernité s'est attaquée aux numéros, mais a oublié d'éradiquer les chiffres. La mathématique étant une perversité à plusieurs entrées, elle nous revient par ce biais, cette porte béante ouverte par la F1 qui, elle même aligne les chiffres en perles sous forme de temps de passage à la milliseconde.
Le chiffre combat alors l'homme moderne ; l'homme tout court est un chiffre statistique dont les décès sur la route coutent beaucoup trop aux autres. Ainsi, les progrès apportés par la F1 dans le domaine de la vitesse et la liberté de se faire péter la gueule en dépassant le mur du son sont totalement anéantis.
Oh, on se sert encore de l'inventivité des ingénieurs ; mais c'est pour mieux limiter la vitesse. On se protège bien du choc mais on a décidé que la meilleure protection était encore d'éviter le choc...

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Des mirettes

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