L'OCELLE MARE //// KINK GONG
Formé en duo par Vincent Beysselance (batterie) et Thomas Bonvalet (guitare classique amplifiée),le groupe Cheval de frise se sépare en août 2004 après six ans d'existence, trois disques et de nombreuses tournées (Europe, scandinavie, USA,..). Aprés une année consacrée à des collaborations (Radikal Satan, Austin Townsend), Thomas Bonvalet fait son premier concert solo sous le nom de l'ocelle mare. S'accompagnant parfois de petites percussions et d'Harmonica, le corps entier se voue à la guitare, sous des formes tendues, courtes, complexes, souvent en suspens ou irrésolues...
"Sans se tromper, on peut classer ce scrutateur de la modernité dans la famille des téméraires qui vont sans fléchir au bout de leurs expérimentations : pour eux la musique dépasse le divertissement et atteint l'art qui devient le « petit véhicule » idéal pour atteindre l'absolu" (...)
D'une poésie sombre et d'une résonance moderniste totalement étrangère aux poncifs, L'Ocelle Mare a le talent de transfigurer dans un langage neuf des ingrédients familiers." Christophe Manhès, Progressia. "Thomas Bonvalet ne cache pas son attirance pour tout ce qui grouille, rampe, gratte. Il est en passe de réussir à faire le premier disque animal" Perte et fracas "D'apparence ardue pour les non-initiés, la musique de L'Ocelle Mare, radicale et faussement silencieuse, transmet son lot d'émotions à chaque instant, même lors des plus inattendus" Fenec. "Il est rare de le dire mais ce disque a une âme. Elle hante un disque où chaque chose est à sa place, où chaque son n'est pas le fruit du hasard, un disque à la mathématique poétique" Gerald de Oliviera, à decouvrir absolument.
A PROPOS DE KINK GONG Depuis 2003, j enregistre des musiques et chants des groupes ethniques minoritaires des provinces du nord est du Cambodge, surtout au Ratanakiri, en 2005 je me suis rendu au Mondolkiri pour decouvrir d autres techniques de jeu de gongs et chants. Les 2 seules traces sonores de cette region du monde que je connaisse sont les enregistrements de J.Dournes chez les Jarais au Vietnam dans les annees 60 (quelques morceaux sont sortis sur un double cd du CNRS en 1997) et ceux , de G.Condominas chez les Mnong gar ,un disque 33 tours non reedite est sorti en 1958 chez Ocora, radio France , ces enregistrements ont ete effectues dans une zone tres proche de la frontiere cambodgienne, ainsi qu a Bousra, au Mondolkiri, Cambodge. Ils sont extremements interessants en terme de comparaison, le jeu actuel d un ensemble de 6 gongs plats n a pratiquement pas change, le nombre de styles joues, par contre s est retrecit .
Les gongs proviennent invariablement du Vietnam ou il existe une longue tradition de fonderies aptes a fabriquer des percussions metalliques, une pratique vieille de 4000 ans en Chine. Ils furent par le passé, amenes par des marchands annamites du centre Vietnam, qui les echangeaient contre des buffles aupres des populations dites de , qui habitent encore le plateau central vietnamien, le sud Laos et les provinces du nord est du Cambodge. Un ancien d environ 60 ans, du village phnong de Butang, se souvient de l acquisition par son pere, au Vietnam, d un set de gongs, alors qui l etait age de 8 ou 10 ans, il y a donc une cinquantaine d annees. Les Phnongs du Mondolkiri ont possede par le passé des gongs a mamelons, ces derniers ont commence a disparaitre sous l époque khmer rouge alors que la pratique des gongs fut interdite, seuls les gongs plats appeles CENG ont survecu et sont toujours joues a l occasion de fetes et rituels animistes. Selon Kang li, les gongs a mamelons ( set de 4 gongs) provenaient du groupe ethnique Koho, qui peuple les environs de Dalat, au sud Vietnam, en 2003 les derniers gongs du village de Dak dam furent vendus, les vieux qui savaient les utiliser sont morts et avec eux a disparu une partie du patrimoine culturel de ces Phnongs .. Systematiquement, 6 personnes sont necessaires au jeu d un set de gongs plats phnong, une personne par gong, chaque gong porte un nom et chaque gong dispose d un son different , les techniques de frappe sont differentes selon le gong utilise, le poing de la main droite frappe a l exterieur tandis que la main gauche bloque a l interieur du gong , modulant la vibration et sa duree . Les 6 CENGs semblent etre divises en 3 paires, qui definissent 3 fonctions musicales, le rythme, la basse et la melodie, le rythme varie peu si ce n est la vitesse d interpretation,le deuxieme CENG de la paire rythmique est toujours joue par une personne qui porte un bracelet metalique au poignet; la paire de la basse et celle de la melodie se melangent et se dissocient pour se mettre en valeur alternativement.
Contrairement aux ensembles de gongs au Ratanakiri (Cambodge) et sud Laos, les femmes phnong ne sont pas exclues de la pratique de cet instrument. LesPhnongs attachaient plus d importance aux cengs (gongs plats) qu aux gongs (a mamelons) et ils etaient plus chers, un set de 6 cengs equivalait au prix d un elephant de 4 ans. Les cengs sont utilises lors de ceremonies a caractere religieux, tandis que les gongs etaient joues plus par divertissement, ou musique d entretien. Differents alliages de plus au moins bonnes qualite furent produits par les fonderies vietnamiennes, les meilleurs sont tres rares de nos jours. Chaque ensemble de cengs a un nom, comme ceng njeem, ceng ndam, chacun des 6 cengs porte aussi un nom, du plus petit au plus grand : 1 ceng mee, 2 ceng ngrom, 3 ceng ndot, 4 ceng truu, 5 ceng tree, 6 ceng koon. Differents styles de jeu d un ensemble de 6 cengs existent, ils s intitulent 1 tur ceng toop, 2 tur ntaloo kleeng, 3 tur ceng huaai, 4 tur bic tee dree, 5 tur buut buut, ces styles ont differentes origines, certains villages ayant developpe leur propre style. Derniers representants probables d une culture proto indochinoise, les Phnongs n utilisent pas les memes instruments de musique que les Khmers, si ce n est la flute commune par sa facilite de fabrication a tant de peuples. A la difficile question de savoir si les gongs et cengs sont apparus plus recemment que les instruments a cordes ou a vent, Kang li n etablit pas d anteriorite dans le temps entre les differents instruments utilises par les Phnongs . Je pense cependant que les percussions metalliques , furent introduites ulterieurement, du a l avancee et a l'établissement de communautes vietnamiennes au 14 eme siecle a proximite du plateau central, ces vietnamiens eux seuls avaient developpe le savoir faire des fonderies de gongs. Le mbouat, par exemple , l orgue a bouche utilise par les phnongs, fait de 6 tuyaux de bambou encastres dans une callebasse et colmate a la resine , est extremement ancien. Cet instrument est atteste des le 6 eme siecle dans les textes chinois qui signalent la presence de musiciens du Founan jouant de l orgue a bouche, Il semble que cet instrument ait toujours ete l apanage des populations tribales de montagnards, car la callebasse qui entre dans sa fabrication ne pousse qu en altitude dans des conditions climatiques precises. Les khmers ont depuis l antiquite utilise le khen , avec une caisse de resonnance en bois, une version plus sophistiquee du mbouat (amvaet) des phnongs ou khim (phloy) des Samre du sud ouest du pays ; bizarrement l instrument a disparu du Cambodge, seules les minorites d origine laotienne le pratiquent encore.
De nos jours seuls quelques Phnongs savent encore confectionner l instrument, une des raisons de l abandon de l orgue a bouche dans presque tous les villages, en 2005 je n ai pu en trouve, en 2007 au village de Boutang se trouvait le seul orgue a bouche que j ai vu au Cambodge . Comme le suggere l ethno musicologue J.Brunet a propos des Samre des Cardamomes (sud ouest du Cambodge) ce groupe ethnique non khmer adepte de l orgue a bouche ; c est a partir de ces regions, pense t on que le phloy a ete introduit en Chine dans l antiquite et par la suite a ete amene en Europe pour devenir plus tard nos orgues ! Le kong jarai, est un bambou sur lequel sont montees 8 ou 10 cordes metalliques avec le meme nombre de mecaniques pour l accordage et une callebasse comme caisse de resonance, le kong jarai enregistre ici, utilise une simple boite vide de gateaux en metal comme caisse de resonance, j ai vu l instrument directement pose sur un gong plat ou sur le sol sans meme avoir de caisse de resonnance, la caisse de resonnance quelqu elle soit, est tournee vers l exterieur, tous les groupes ethniques du Ratanakiri utilisent cet instrument, appliquant la caisse de resonnance contre la poitrine.Le nom kong jarai indique clairement la provenance de l instrument : le groupe ethnique des Jarais, important dans la partie est du plateau central au Vietnam et au Ratanakiri (au nord du Mondolkiri). Il est aussi appele kong raing et au meme titre que les gongs, il est associe aux populations de , ou Cet instrument accompagne les chants de reponse, frequents chez les groupes ethniques de la region et il possede en general 10 cordes jouees avec les 10 doigts. Les cordes metalliques faites de toutes sortes de fil de fer, sont apparues plus recemment, auparavant elles etaient faites de bambou et beaucoup plus fragiles. Le kong ring, cet instrument de divertissement est fait d une section de bambou ou 6 fines lamelles du meme bambou sont surelevees et utilisees comme cordes jouees avec les deux mains, cet instrument imite un ensemble de 6 gongs plats. Le duo de flute est une combinaison d une flute traditionnelle phnong en bambou, et d une flute moderne en plastique ; les melodies sont courtes et saccadees par la respiration, cette flute a normalement 4 trous pour les doigts . A part les gongs, tous les instruments sont realises grace a la dexterite des Phnongs qui avec leurs couteaux , coupent, percent et ajustent les tubes de bambou et autre elements necessaires pour en faire des instrument de musique. Les enregistrements de ce double cd sont repartis en un volume vocal et un volume instrumental, bien qu il arrive que les deux se melangent, comme c est le cas avec le kong jarai, instrument a 8 cordes utilise pour l accompagnement des chants de reponse. Les enregistrements ont ete effectues en avril 2007 a la periode du nouvel an khmer , aussi celebre par les Phnongs, dans les villages de Daktam hameau 1, de Bouchra, de Boutang, de Daktam hameau 3, ainsi qu a Sen Monorom pour les contes chantes de Kang Li. Laurent Jeanneau.
Site L'ocelle Mare ----> http://www.myspace.com/ocellemare
Site Kink Gong ----> http://www.myspace.com/kinkgong