Soirée REVOLUTION MYSTIQUE //// LES POSSEDES //// JEAN-CHRISTOPHE PETIT //// ARTHUR SYPHILIS
En aucun cas nous ne parlions politique. Nous en faisions. De l'art donc. Las, il faut s'expliquer encore. La lecture du 28 juin m'y oblige. Ayant d'autres choses à faire que défendre la liberté d'expression, ayant d'autres choses à faire que de soutenir que n'importe qui peut raconter n'importe quelle connerie, puisqu'ici en France, on ne termine plus en prison pour ça. On termine parfois sous les insultes, les quolibets, l'opprobre et le boycott, mais ceci n'est guère que la rançon de la connerie. Donc je ne défendrai pas cette lecture pour ces raisons, ils ont le droit de s'exprimer, grand bien leur fasse. A contrario, j'ai le droit d'en toucher deux mots, disons le devoir, puisque ceci se passe dans un endroit qui est aussi, un peu, ma maison.
Donc, devant la possible polémique, et les insultes dont nos murs furent l'objet lors d'un précédent exercice, il fallu que je me coltine la lecture de ce magnifique penseur qu'est Alain Soral. Penseur, soit dit en passant, si clairvoyant et juste, que j'ai eu toutes les peines du monde à trouver sa prose sur internet, à croire qu'il préfère le culte du secret, comme sans doute celui du complot, ah que tous ces gens qui lui en veulent de dire que du vrai et du juste. La pensée effectivement la plus pertinente se doit de rester cachée, au cas zoù ce monde serait il si peu clairvoyant qu'il ne puisse comprendre, sans s'offusquer, une pensée si en avance sur son temps. Ne troublons pas les masses avec des révélations dont la portée pourrait compromettre l'apesanteur de mes couilles et donc, les faire descendre aux genoux.
Au final j'ai pu débusquer un, puis deux articles. Vous me direz que le manque de documentation ne me permet pas de me faire une idée réelle. Réelle non, mais juste sans doute. Et puis pourquoi continuer une telle lecture, qui pourrait dès le troisième article me faire vomir mon quatre heures, et maigre comme je suis, y a pas bon (Parce qu'à l'Embobineuse nous sommes aussi des vrais pauvres mal nourris).
Donc ça parlait de Le Pen. Avec admiration. Décor planté on se demande ce que ce jeune homme peut bien vouloir à ce vieux croulant, détail de mes soucis, d'autant plus détail qu'il en est devenu un dans les urnes et les propos du café du Commerce (que je fréquente). L'article parlait du détail, et je pensais alors naïvement que Soral s'esbaudissait d'un tel amour pour un mot, à ce point d'en devenir un soi même. Mais non. Sérieusement, comment croire en la bonne fois d'un mec, en son intelligence (autre que dialectique pour vieille épicière), quand ce mec vous dit que seul Le Pen est apte a défendre les masses populaires face à la mondialisation, et seul à pouvoir créer une pensée nouvelle ? Faut pas déconner, faut pas trop jouer avec les mots mon bonhomme, faut pas croire que vessie ça veut dire lanterne, et surtout faut pas croire que les autres sont des crétins, sauf toi, qui a eu la chance de lire un livre un jour et d'avoir deviné la fin avant la dernière page. Car ta virtuosité oratoire semble bien s'ancrer sur ce type de jeu, mais la pensée, ce n'est pas de savoir faire un sudoku mon gars.
Ce que je veut dire, c'est qu'il ne s'agit pas, quand on se dit intellectuel, de sauter sur tous les paradoxes pour en faire des vérités, ah oui, c'est surprenant, c'est drôle, c'est séducteur, vif et tout et tout. Mais c'est faut. Non Le Pen ne défend pas les pauvres, pas les travailleurs, et la mondialisation qu'il rejette n'est pas cette espèce d'impérialisme rampant dans lequel population d'hémisphère dominant et population d'hémisphère dominé morfle tout autant. La mondialisation pour lui c'est une gentille façon d'appeler au racisme, et de faire peur à mémère qui croit qu'un nègre voudra de sa bouillie. Parce qu'avec la mondialisation vous savez m'dame, le négro y peut arriver chez vous demain, l'a qu'à prendre un avion l'gonze. Etc etc...
Bref, des textes d'insulte sur ce gars, il doit y en avoir des centaines, ça défoule... le seul présupposé de sa pensée est de défendre le n'importe quoi, de convaincre, bravo, ça convainc les connards, voilà bien le début d'une démocratie mal pensée. Leader d'opinion il n'en a sans doute pas et ses errances vers le FN, et la politique nauséeuse ne nous concernent pas. Maintenant on lit ses textes chez nous.
Et je laisserai faire. (j'ai pas le choix, c'est programmé) Il n'y a pas de complot sioniste pour vous arrêter. Il n'y a pas de complot pour vous empêcher de mener votre lutte d'arrière garde. Putain ça donne envie de faire une ode au libéralisme et de le confondre avec liberté ! Maintenant il ne faut pas confondre un certain nombre de choses. Ne pas confondre vision du monde et simplement prendre le contre pied des valeur dominantes, ex : l'islam est rejeté, devenons pro islamiques. Ne pas confondre racolage et débat d'idées. Ne pas confondre tribune libre et abus de biens sociaux. Ne pas confondre confusion et amalgame. Ne pas confondre rigolade et abjection.
Maintenant ces textes sont lus, en même temps que ceux de Costes, ami de la maison, artiste controversé, artiste violent, artiste. Un mec qui croit écrire des chansonnettes amoureuses et qui balance ses tripes dedans. Un mec, dont on peut ne pas aimer l'oeuvre, mais qui en a une, une vraie, elle aussi futur détail de l'histoire de l'art, mais qui ne prend pas les gens en traître, jamais, qui ne cherche jamais "à faire croire". Et qui, avec ces lectures doit annuler ses tournées, parce que des anti faf le menacent. Ah le lobby anti faf, que dis-je, le complot anti faf...
Quand on se positionne anti, que l'on voit l'organisation du monde comme une succession de divisions, juifs, arabes, blancs, catholiques, protestants etc... on ne fait qu'entériner le fait que la société se nourrit actuellement de rejet, on étiquette l'autre, on ne le nomme plus, on rejette l'étiquette, on en parle, mais de l'autre, plus. Bref, petits départs de haine rien que sur le nom d'un mec qui monte les gens contre les autres. (il me fait penser au mec tout vert dans "La Zizanie" de monsieur Astérix).
Laissons lire.
Ca va être vachement bien. Disons que nous ne sommes pas dupes, que même si Soral a pu pondre des textes biens, il n'en reste pas moins que ça pensée schlingue. Il me fatigue déjà.
LE PREFET
Ma fois pour aller à la source de la grande et belle pensée du garçon, le lien du site où quil s'exprime en toute liberté, indépendance et tralala... précision "l'alliance de la gauche du travail et de la droite des valeurs" est bien la base de l'idéologie, avant Le Pen, du national socialisme... (rien de neuf, quelle misère on va se traîner ça jusqu'à la fin... vive le progrès ducon).
http://www.alainsoral.com
La Compagnie La Matière tient à préciser deux points essentiels en ce qui concerne le spectacle Les Possédés, élément constitutif de la soirée Révolution Mystique du 28 juin.
En premier lieu, ce spectacle ne constitue en aucune manière un meeting, ni social, ni intellectuel, et encore moins politique. Il s'agit avant tout d'une pièce de théâtre, où les acteurs sont les textes eux-mêmes : jouant des rôles ambigus, contradictoires, violents ou mielleux, mis en scène par les lecteurs devant un écran qui voit se succéder des images (animées ou non) visant à renforcer l'hétérogénéité de l'ensemble. Ce sont les textes qui sont possédés par une certaine littérature d'investigation du réel, et comme tout maître fou qui se respecte, ils peuvent s'avérer être tour à tour jouissifs, hilarants ou franchement dégueulasses.
Le but n'est donc en aucune manière de convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit, mais de peler le spectateur dans le sens vertical, de le faire savamment écarteler par des phrases boursouflées d'une outrance baroque aussi rythmée que possible.
En second lieu, la Matière décharge radicalement l'Embobineuse de toute responsabilité vis-à-vis des choix des auteurs et des textes pour cette représentation. C'est notre compagnie, et elle seule, qui assume intégralement l'ensemble de cette intervention. L'hydre de l'Embobineuse est nantie de plusieurs têtes pensantes, et quelques-unes d'entre elles sont légitimement réticentes à l'intrusion de la lecture de certains auteurs dans leur maison. Ce sont les textes qui pénétreront ce soir-là dans l'Antre du Bd Bouès, et non pas leurs auteurs : cette nuance n'est pas minuscule. Nous remercions l'Embobineuse de croire toujours en leur mission fondamentale d'initiateurs de la future Révolution Mystique mondiale.