Variétés expérimentales
Ces deux concerts sont le fruit d’ateliers permanents d’expérimentation musicale menés par L’Art de Vivre au comptoir de la Victorine.
L’un revisite un répertoire de variété pour donner à entendre des œuvres sonores originales,crées sur des instruments électroniques (contrôleurs et ordinateur), en s'inspirant de la manière la plus libre de ces standards.
L’autre propose une interprétation de l’œuvre du compositeur argentin Mauricio Kagel (19312008), explorateur des « sons inouïs et des gestes producteurs de musique ». Acustica est construite sur une série d’actions, réalisées par chaque instrumentiste sur des « corps sonores », objets usuels de la vie quotidienne, réassemblés.
Tous deux ont en commun une démarche artistique qui nous tient à cœur : l'approche expérimentale, le bricolage, l'idée de fabriquer une œuvre d'art avec des objets de peu d'importance. Nous jouons avec des sons et des instruments qui n'avaient pas a priori vocation à être musicaux ; ils le deviennent par l'attention qu'on leur porte, l'intérêt poétique qu'on leur accorde.
Ces concerts rassemblent un groupe hétéroclite de musiciens professionnels, d’artistes de métier et d’amateurs – artistes occasionnels, qui partagent une disposition à la fantaisie et une curiosité pour l'invention sonore. Pour les yeux et les oreilles.
L'Harmonie Sainte Victorine
L’Harmonie Sainte Victorine revisite un répertoire de variété pour donner à entendre des œuvres sonores originales, crées sur des instruments électroniques (contrôleurs et ordinateur), en s'inspirant de la manière la plus libre de ces standards.
Le compas dans l'oeil
Le passage à l'an 2000 fut marqué par une tempête qui décima les forêts de Dordogne et bloqua l'arrivée de l'électricité pendant dix jours.
Lors de cette période où la modernité n'avait plus de prise sur nos habitudes quotidiennes, les arbres ont été tronçonné, déligné et posé à l'abri.
Aujourd'hui, quinze ans plus tard, cette matière est mise à contribution dans un projet de lutherie qui entend mêler la fabrication traditionnelle et le détournement d'un système générant une force électromagnétique capable de mettre en vibration les cordes. Donc ramasser, tronçonner, déligner, couper puis attendre, pour tracer, exécuter, poncer, vernir, pour enfn écouter, comme une chaîne d'actions qui trouvent son issue dans la création d'un ensemble de cordes vibrantes.
C'est le mouvement de sept guitares électriques déclinées sur le même modèle. Les diférentes essences sont reliées par des assemblages traditionnels, les septs sont identiques elles n'ont que leurs défauts, leurs veines et leurs trous pour les distinguer. Il s'agit maintenant de les doter d'un système électrique qui pourra générer un champs magnétique sur les cordes.
Le principe est simple, un premier micro capte le son des cordes qu'il envoie à un préampli intégré au corps de la guitare pour que celui ci renvoie le signal amplifé à un électroaimant situé en dessous des cordes. L'électroaimant vibre au rythme de la fréquence jouée et donc entretient à l'infni la note. Ce procédé permet de rendre l'ensemble autonome de l'action humaine. Cette déclinaison de guitares permet dans un premier temps de proposer une écoute fne des variations proposés par la variation perpétuelle du champs électromagnétique généré.
Chaque guitare est accordée avec un accord harmonique ou dissonant d'une gamme de référence et le système propose l'écoute des superpositions de vibrations qui peuvent se juxtaposer, s'afrmer ou s'efacer. Dans un second temps un trio de musiciens formée à la musique électroacoustique viendra agir sur les guitares pour faire entendre une composition improvisée dont le but est de faire surgir l'harmonisation des fréquences.
L'ensemble devient un instrument complet capable de générer harmonie et dissonance ainsi que fux et rupture. Il y a dans ce procédé l'explication matérielle d'un efet d'harmonizer, c'est à dire d'un procédé qui surajoute des harmonies à une fréquence simple; les sept guitares contiennent la richesse d'un son plein qui par ce procédé se rend visible. L'enjeu du processus est donc d'appuyer la visibilité de ce phénomène infme qui est la vibration d'une corde de guitare.
Ce travail constitue une manière d'étaler un procédé invisible, le champs électromagnétique, par le développement matériel (lutherie) et le développement sonore (performance actée). Pour ce faire il y a une nécessité de proposer une mise en scène des objets pouvant permettre aux spectateurs de saisir le principe de fonctionnement. Les huit guitares seraient disposées circulairement sur des socles ayant un amplifcateur intégré sous forme d'installation puis en suite viendrait le temps du jeu.
Ce projet de résidence à l'embobineuse fait donc suite à une période de construction puis à une période de jeu musical dans lequel certaines pistes ont été trouvés pour se familiariser et exploiter des techniques de jeu.
Néanmoins, nous avons pu repérer la difculté de rendre l'installation dans la justesse à la visibilité et la compréhension du phénomène par le public. Nous espérons pouvoir trouver des solutions en s'immiscant au coeur d'une scène par l'attention portée à la scénographie, aux gestes musicaux et donc à la transmission de cette expérience sonore.